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Tauxigny- le Ligoret

Milieux argileux  humides et coteaux calcaires secs.

L’Echandon vient du Louroux, et rejoint l’Indre à Esvres. Il coule sur une terre argileuse, imperméable. Il est bordé d’un coteau calcaire, poreux. Une quinzaine de moulins ont utilisé son énergie. Aujourd’hui, il en reste une dizaine, devenus simples habitations. Qui dit moulin dit barrage, modification du lit du fleuve et de la vie qui l’habite.

A Tauxigny, le barrage et le bief  alimentant la roue de l’ancien moulin du Ligoret  ont été supprimés. Le cours d’eau retrouve la possibilité de flâner de méandre en méandre. La  flore, et la faune, vont-elles pouvoir se réinstaller ?

Aujourd’hui, 13 avril, nous observerons d’abord le milieu humide, sur l’île, avant  de monter sur le coteau sec.

L’Ile

On y pénètre à pied sec, par un passage en terre qui crée une ‘boire’. L’eau y ‘dort’, et se peuple de vie. Sur l’île, beaucoup de ‘grandes herbes’  de l’an passé protègent les pousses neuves du printemps. Nous apercevons des Phalaris et des Phragmites .

Nous resterons dans la partie où l’herbe a été coupée à l’automne, et où la végétation est très variée.

On reconnaît la Menthe pouliot à son odeur pénétrante, et à ses feuilles à peine dentées et lisses. Se multipliant par rhizome, elle se faufile  partout, plus  que le Lycope d’Europe, dont les feuilles sont profondément dentées. (les grandes dents du loup !).Tous deux sont de la famille des Lamiacées, tige carrée.

Des rosettes de feuilles plus ou moins épineuses rayonnent sur le sol : Le Cirse des champs, absolument pas caractéristique du milieu, se propage partout par ses rhizomes. Le Cirse commun, avec ses  feuilles  très velues, et aux lobes tous épineux est plus grand, mais moins envahissant. Des feuilles lancéolées et  simplement rugueuses : c’est la Cardère. Les  jeunes feuilles de la Bardane les accompagnent.

Des Gaillets, famille reconnaissable à ses ‘feuilles’ disposées par 4, 6 ou 8  à intervalles réguliers sur la tige. L’un, proche de l’eau, ne dépasse guère les 15 cm. C’est le Gaillet palustre. Un autre se  colle  déjà à nos jambes par ses feuilles munies de petits crochets. C’est le Gaillet gratteron. Un autre encore, est d’un vert plus foncé. C’est le Gaillet blanc. Trois  espèces  pour un même  genre. Aucune n’a encore commencé à fleurir.

Près de la rive, des jeunes pousses variées : l’Aristoloche, aux feuilles en cœur. Puis l’Eupatoire chanvrine, dont les feuilles  commencent juste à se déplier, quelques Scrophulaires, et encore  la Reine des prés.

Ce ne sont plus des rosettes : la tige porte une ébauche  d’inflorescence. C’est une Barbarée

Plusieurs Renoncules, toutes aux feuilles découpées, mais d’espèces différentes : sarde, âcre.

Les grandes feuilles de la Consoude  se remarquent bien, entourant les premières fleurs blanches.

Nos pieds se prennent dans des tiges isolées et ligneuses portant de petits bouquets de feuilles : c’est la Morelle douce-amère. Une autre liane, herbacée, commence à s’enrouler autour des branches basses des Frênes : le Houblon. Il pourra aussi s’accrocher aux Saules roux et aux Aulnes, autres arbres caractéristiques du milieu.

Nous n’avons pas parlé des Carex, pourtant bien présents. Attendons leur floraison pour être un peu plus précis. De même pour les grandes Apiacées. L’Angélique est présente, mais elle n’est pas la seule. Soyons prudents. Il est préférable d’attendre floraison et fructification. Ce sont les bases de la classification des végétaux, donc de leur détermination. Et montons sur le Coteau !

Le coteau

L’Echandon coule sur un sol argileux imperméable. Le coteau, lui, s’est constitué de sédiments calcaires  qui se sont  déposés sur ce même sol argileux et imperméable, il y a des millions d’années. Il est poreux. L’eau de pluie le traverse, et finit par rejoindre, en  souterrain,  l’Echandon.  La végétation est sèche, très spécifique.

Le coteau est raide !

L’herbe est courte. Des bois (Chênes pubescents et Erables champêtres) limitent l’espace. Quelques rochers affleurent.

Un arbre, commun quand aucune bête ne vient plus paître les lieux, c’est le Genévrier. Celui-ci est mâle : sa fleur lâche le pollen, qui s’envole…

Dans   cette   pelouse, on distingue vite    deux herbes différentes,     toutes deux en touffes. 

L’une a des feuilles très fines, d’un vert bleuté. C’est une Fétuque. (famille des Poacées) L’autre a des feuilles un peu plus larges, d’un vert plus franc.  C’est un Carex.  (famille des Cypéracées.) Plusieurs tiges, partant du centre de la touffe, portent des épis. La plus haute a deux épis superposés: femelle et mâle. Les plus courtes, seulement un épi femelle chacune. La fleur permet de spécifier son nom : c’est le Carex gynobasis, ou Carex de Haller.

Des fleurs attirent  le regard : violet bleu,  très velues, sur une tige courte :

C’est l’Anémone Pulsatille ! D’autres fleurs, nettement bleues,  toutes rondes, dans une touffe de feuilles ovales : C’est le Globulaire.

Anémones pulsatilles

Globulaire

Bleu encore,  l’épi du  Muscari. Quand la Sauge des prés fleurira, ce sera bleu. La Scabieuse aussi. Attendons quelques semaines, et bleue aussi sera  la fleur de la  Cardoncelle .  

Là, une plaque de petites feuilles, luisantes, et ressemblant vaguement à celles du chêne : c’est la Germandrée petit chêne : elle fleurira bientôt, en… rose.

Légèrement ligneux, très bas sur tige, des feuilles persistantes (5 sur 15mm), ce sont des Hélianthèmes. L’un commence à fleurir : 5 pétales jaunes, c’est  l’Hélianthème commun. Un autre, aux feuilles plus étroites (1sur 10 mm), et encore non fleuri,  c’est le Fumana. D’autres fleurs jaunes,  5 pétales,  celles de la Potentille rampante. Très nombreuses, elles ne sont pas spécifiques du coteau calcaire

Encore de petites touffes  de feuilles très finement découpées, d’un vert clair légèrement gris. C’est un Seseli. Sa floraison  sera une ombelle de fleurs blanches, comme la carotte (famille des Apiacées).Une autre encore, bien découpée elle aussi, l’Armoise des champs

Sur le rocher, un Orpin à feuilles rougeâtres.

Deux plantes, échappées du bois voisin dénotent par leur taille : une trentaine de cm. C’est une Vesce, à feuilles étroites. Ses fleurs seront …bleues. L’Héllebore fétide, elle ne connaît qu’une couleur, le vert.

Aphanes

Au bord de la pelouse, encore une minuscule fleur bleue : le Myosotis hirsute…des poils partout, surtout sur les sépales. Et pas bien loin, une autre minuscule aux fleurs dissimulées dans les feuilles,  l’Aphanes

La sortie  se termine.

Nous avons en tête de nombreuses plantes. Une  grande majorité d’entre elles  sont  caractéristiques de leur milieu. Plusieurs sont « protégées », on ne les cueille pas.  Mais nous n’avons pas tout vu. Nous n’avons pas nommé tout ce que nous avons vu.

Beaucoup de plantes ne sont pas encore en stade de reproduction. Les voir  en début de croissance, les voir avant leur floraison, les voir en période de fructification, puis encore après, c’est les connaître un peu plus, sous différents aspects de leur vie.

Nous remercions la mairie de Tauxigny, ainsi que l’ADEVE, Association de Défense de l’Environnement de la Vallée de l’Echandon, pour leur accueil et leur participation. Nous leur ferons part de nos observations.

L’Association de Botanique et de Mycologie de Sainte-Maure-de-Touraine a pour objectif de développer la connaissance des plantes et des champignons. Des sorties sont organisées régulièrement pour découvrir, observer et identifier cette nature qui nous entoure.

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