Septembre, aussi sec que l’été, n’a guère permis la « poussée » des champignons. A partir de la mi-octobre, l’humidité est revenue, favorisant leur apparition.
Le 12, dans la forêt domaniale de Montgoger (St Epain), au bord du chemin, des Collybies du chêne, quelques Lycoperdons et Sclerodermes sortent de terre. Des Marasmes poussent directement sur les premières feuilles mortes et sur des brindilles. Les Stereum sont installés sur les branches tombées au sol. Un Paxille enroule le bord de son chapeau.
Première petite présentation de mycètes, sous le regard averti de Jean, pour une dizaine personnes.
Le 20, la pluie s’étant installée, l’Espace Naturel Sensible des Rouchoux, (Semblançay) permet une plus grande diversité. Sur les bois tombés au sol, s’étalent les Stereum et aussi les Trametes . Ils se ressemblent, on apprend à les distinguer, en regardant leur face cachée avec la loupe. Les Ramaria et les Clavaires se dressent, une seule ‘branche ‘ pour certains, petit arbuscule pour d’autres. On compare.
On apprend à différencier plusieurs Bolets. Sous le chapeau, des tubes plus ou moins serrés ou lâches, le dessus du chapeau plus ou moins sec ou visqueux, le pied plus ou moins renflé ou allongé, la couleur de chaque partie.
Des touffes d’Hypholomes ‘digèrent’ des souches. Une grande ‘langue de bœuf’ s’accroche au pied d’un chêne bien vivant.
Fistulina hépatica ou langue de boeuf
Retour vers le tout petit : les Crépidotes ouvrent leur éventail blanc sur quelques branches mortes.
Ca se mange ? Eternelle question.
Peu à peu, on retrouve les noms des champignons oubliés durant les mois d’été. L’humidité et la fraîcheur leur permettent de fructifier. On s’arrête, compare, explique, cherche. Dominique recommence.
Ca se mange ? La réponse est à construire, après de longues observations. Il y a tant à découvrir sur la vie du champignon, pour lui-même.
Le 26, dans la forêt de Loches, l’humidité est bien là, parfumant l’atmosphère sous le soleil. Il y a foule, les paniers attendent de se remplir ! Mais d’abord, comment cueillir ? Il faut aller sous le pied élément indispensable pour la détermination. Déterminer, c’est apprendre à voir. Voir tout, y compris l’environnement du champignon. Inutile de ramasser beaucoup : seulement un ou deux de chaque sorte. Il est souvent difficile même, de voir si les 2 sont vraiment identiques.
Quels sont les points à observer ?
Le pied : Largeur, hauteur, couleur, toucher, fragilité, souplesse, position, régularité, absence…
Le chapeau : le dessus : couleur, toucher, odeur, fragilité, densité. Et le dessous : lames, lamelles, tubes, pores, couleurs, spores. Quelle attache avec le pied ?
Tous les sens du cueilleur de champignons sont en alerte: regard précis, langue, nez, le bout des doigts, même l’oreille est bienvenue (entendre la cassure ).
La collecte finie, les champignons sont regroupés, classés méthodiquement, sous le regard vigilant de Didier. Les grandes familles se dévoilent :
Les Amanites : volve et anneau sur le pied, lamelles libres et blanches. Celle-ci a des lamelles jaunes ? c’est la seule, on l’appelle l’Amanite des Césars, ou Oronge. Celle-là a un chapeau verdâtre, c’est l’Amanite phalloïde.
Une partie de la récolte avec diverses amanites
Les Lépiotes : Des lames blanchâtres, un anneau coulissant et double, mais pas de volve, seulement une spirale en léger relief. Celle-ci est grande, haute, son pied est tacheté.Sur son chapeau, des squames beiges, prêtes à se décrocher, c’est la Lépiote élevée, (ou coulemelle, ou …ou…40 noms populaires.) Celle-là, elle est petite, le pied n’est pas tacheté, on ne la mange pas. La réponse est claire.
Les Agarics, comme nos champignons de Paris. Le pied se sépare bien du chapeau. Les lamelles sont roses, puis beiges. Les spores sont sombres…celui-ci jaunit, on le laisse, celui là a une odeur de poisson, on le laisse…
Et ceux là ? Les lames descendent sur le pied, la chaire est cassante comme de la craie, on l’entend se casser. Du lait perle à la cassure : c’est un lactaire. De quelle couleur est le lait ? Là, pas de lait : c’est une russule. Je goûte ? C’est amer. On laisse ! Plusieurs centaines de Russules en France. Seules 4 sont comestibles.
Et là, le pied est légèrement ‘brodé’ d’un voile ocre : Ce sont des Cortinaires…
Très clairement, méthodiquement, on apprend à observer, on éduque le regard et tous les sens. Tout est à prendre en considération. Joli ou pas, odeur agréable ou pas, appétissant ou pas, mangé par les limaces ou pas, aucune théorie générale ne permet de discerner un champignon toxique d’un champignon comestible. Pour chacun, il faut connaître les petits détails qui en permettent la détermination précise. Se référer à un livre ne suffit pas. Prendre conseil auprès d’un bon mycologue, c’est mieux. Et étudier…
On peut aussi étudier, sans manger… pour le plaisir de connaître la vie du champignon lui même …Un monde à part…extraordinaire…
L’Association de Botanique et de Mycologie de Sainte-Maure-de-Touraine a pour objectif de développer la connaissance des plantes et des champignons. Des sorties sont organisées régulièrement pour découvrir, observer et identifier cette nature qui nous entoure.