Animée par Dominique TESSIER
29 mai 2021, Flore et « faune » de la Morellière à Saint-Laurent-de-Lin
Depuis 2009, des sorties botaniques sont programmées chaque année (2019 exclus en raison de la pandémie) sur ce lieu. Nous pouvons y observer la flore messicole du conservatoire depuis le stade plantule jusqu’à la grenaison mais aussi la végétation des prairies naturelles de fauche, pelouses calcaires pacagées, murets de pierres sèches, haies champêtres, boisements, landes sèches, mares et tourbière. Environ 800 espèces y sont maintenant présentes dont près de 350 introduites. Les bryophytes et les lichens y sont parfois présentés et décrits par Jeannine Demeulant et Marie-Claude Derrien. La faune n’y est pas oubliée avec ses 8 espèces d’amphibiens, autant de reptiles et de très nombreux insectes dont les inventaires sont en cours...
La sortie d’aujourd’hui est orientée autour de la flore générale sans s’interdire de soulever au passage quelques unes des 43 plaques à reptiles. Ces animaux à sang froid adorent s’y réchauffer dès les premiers rayons de soleil. C’est une rare occasion de se « familiariser » et de connaître la gent rampante (lézards, orvets, couleuvres et vipères) avec sang-froid et sans effroi....
Nous nous sommes limités à 10 participants masqués pour satisfaire la règlementation en vigueur mais la distanciation sera peu à peu réduite pour conserver un minimum de convivialité...
Les abords des bâtiments permettent aux habitués ou non, de reconnaitre ou découvrir une bonne soixantaine de taxons, dont : Orlaya à grandes fleurs (Orlaya grandiflora) qui a failli disparaître de la région Centre ; Guimauve faux-chanvre (Althaea cannabina) dont les feuilles sont semblables à celles du cannabis ; Gesse à graines rondes (Lathyrus sphaericus) aux fleurs d’un beau rouge brique ; Œillet des chartreux (Dianthus carthusianorum) ; Centaurée chausse-trape (Centaurea calcitrapa) aux bractées prolongées d’une épine coriace dépassant souvent 2 centimètres ; Œillet prolifère (Petrorhagia prolifera) aux petites fleurs groupées en tête ; Coronille queue-de-scorpion (Coronilla scorpioides) dont la gousse est très évocatrice de son espèce ; Trèfle étoilé (Trifolium stellatum) dont les calices pourprés sont regroupés en forme de sphère étoilée ; Salsifis à feuilles de poireau (Tragopogon porrifolius) aux ligules (5 pétales soudés et 5 dents) violet terne plus courtes que les bractées et (Tragopogon eriospermus) à fleurs nettement plus développées bleu violacé vif ; Pois élevé (Pisum sativum subsp. biflorum) aux corolles magnifiquement nuancées ; Vesce noirâtre (Vicia melanops) dont les ailes de la corolle sont tachées de noir ; Psoralée bitumineuse (Bituminaria bituminosa) qui, comme le nom l’indique en pléonasme, dégage une odeur de goudron ; Vesce des moissons (Vicia segetalis) aux gousses matures noires à bords droits et parallèles, souvent confondue avec la Vesce cultivée (Vicia sativa) aux gousses brunes, toruleuses comme celles du radis, c'est-à-dire présentant une succession de renflements au niveau de chaque graine et de rétrécissements ; Géranium luisant (Geranium lucidum) au feuillage glabre et brillant ; Cataire ou Herbe aux chats (Nepeta cataria) dans laquelle la plupart de ces animaux de compagnie se vautrent et en dégustent les feuilles ; Cynoglosse de Crète (Cynoglossum creticum) dont les feuilles évoquent une langue de chien ; Silène dioïque ou compagnon rouge (Silene dioica) aux fleurs mâles et femelles sur des pieds séparés ; Fumeterre grimpante (Fumaria capreolata) aux fleurs blanches à pédicelle recourbé vers le bas après fécondation ; Brome inerme (Bromopsis inermis) géophyte à longs rhizomes semblables à ceux du chiendent rampant et aux fleurs à glumes sans arête.
C’est le moment de faire le point sur les Bromes récemment divisés en 3 genres. Il faut désormais distinguer les bromes pérennes (Bromopsis) des Bromes annuels (thérophytes). Ces derniers sont séparés en deux groupes, ceux dont la glume inférieure présente une seule nervure (Anisantha) et ceux à glume au moins trinervée (Bromus). Rien ne dit que nous ne reviendrons pas à l’ancienne taxonomie prochainement...
La parcelle située face à l’aire de stationnement retient toujours l’attention avec sa profusion de glaïeuls communs (Gladiolus communis) en pleine floraison aujourd’hui. Ils colonisent rapidement cet espace grâce à leurs graines et leurs cormes (tiges souterraines tubérisées, en forme de bulbes) qui se multiplient abondamment chaque année. Nous en profitons pour le différencier du Glaïeul des moissons ou d’Italie (Gladiolus italicus). Pour faire simple, la fleur du premier, vue de face, s’inscrit dans un losange asymétrique alors que les contours de celle du second forment un rectangle allongé. D’autres caractères, plus subtils, concernent entre autres, le rapport entre le limbe et l’onglet des tépales latéraux et la forme des graines. Une troisième espèce n’a pas été observée et ce sera l’occasion d’approfondir la détermination lors d’une prochaine visite... Le cheminement se poursuit avec une quarantaine d’autres espèces, rares pour la majorité d’entre elles. La journée s’avance et il en reste encore de nombreuses à revoir, reconnaitre ou déterminer pour les années futures...
Dominique Tessier
avec la participation de Marie-Claude Derrien et de Michel Vigouroux pour les photos.
L’Association de Botanique et de Mycologie de Sainte-Maure-de-Touraine a pour objectif de développer la connaissance des plantes et des champignons. Des sorties sont organisées régulièrement pour découvrir, observer et identifier cette nature qui nous entoure.